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Comment décarboner le transport en préservant ses capacités d’autofinancement ? : Les conséquences en termes de filière

Brice Maurandi
2024-11-22
Durabilité Électromobilité Carburants alternatifs
Author
Brice Maurandi
Directeur Marketing & Communication Volvo Trucks France

Les conséquences en termes de filière

Tout ceci crée des obligations quasi solidaires entre les différents intervenants : du constructeur de véhicule aux chargeurs donneurs d’ordres en passant, bien sûr par les transporteurs. Pour les deux premiers groupes cités, l’introduction du Scope 3 et les rapports ESG accroît les exigences de décarbonation s’ils veulent améliorer leurs bilans environnementaux. Rappelons l’obligation qui incombe exclusivement aux constructeurs via le Green Deal et le programme Fit-for-55. L’Union européenne exige, sous peine d’amendes, qu’ils accroissent la part des véhicules dits « zéro émission » (électrique ou hydrogène) dans leurs immatriculations (jusqu’à 90% de réduction des émissions CO2 mesurées par l’outil VECTO pour leurs des mises à la route en 2040). Pour les transporteurs, il y a toutefois un avantage indirect : l’électricité ne fait pas partie des énergies listées dans l’article 312-2 du Code de l’environnement pris en application de la directive 2003/87. Cela aura un impact direct sur le prix de l’énergie consommée par les entreprises1 d’autant que celle-ci (comme les énergies non fossiles reconnues par la Directive RED-II en cours de révision) peut bénéficier de compensations financières (connues en France sous le nom de dispositif TIRUERT). 

 

Mais les investissements pour les véhicules électriques sont considérables. Même si les banques (via la directive CSRD) ont des obligations d’investissements dits « verts », les critères comptables des entreprises demeurent fondamentaux pour l’évaluation des risques et l’octroi des financements. 

 

L’accès aux véhicules, à l’énergie, est un problème qui nous occupe bien plus que les questions de TCO. Le financement est le péché originel des véhicules électriques à batteries. »

Le point de vue du transporteur 

 

« La décarbonation n’est plus un sujet de débat ; c’est une perspective à inclure dans sa stratégie » indique Pascal MEGEVAND, co-dirigeant de MEGEVAND Frères, implantée en Haute-Savoie, près d’Annecy.

 

« Elle réussira en implémentant avec succès le futur mixte énergétique. L’électrification représentant une part conséquente qu’il est toutefois difficile d’évaluer à ce jour. » Cela parce qu’elle « modifie profondément les conditions d’exploitation, les relations avec les partenaires, voire les propositions de services. D’une contrainte, il faut en faire une opportunité » précise Pascal MEGEVAND.

 

Comment faire avec des machines dont le tarif est compris entre 2.5 et 3 fois le prix d’un équivalent Diesel Euro VI ? Et comment une entreprise peut-elle anticiper une valeur de reprise (la fameuse VR) pour un véhicule électrique dont la technologie évolue à un rythme accéléré ?

 

« C’est un enjeu de réduire les CAPEX2 - ou les écarts de CAPEX- et c’est même le défi majeur de la décarbonation » résume-t-il. « Une chose que les constructeurs n’ont pas vue, c’est la question de l’endettement des entreprises. L’accès aux véhicules, à l’énergie, est un problème qui nous occupe bien plus que les questions de TCO3. Le financement est le péché originel des véhicules électriques à batteries. » 

 

Or, dans un camion électrique, l’essentiel du surcoût est justement lié aux accumulateurs. D’où l’importance d’un bon diagnostic préalable sur l’exploitation, le cœur de métier des transporteurs, pour ne pas surdimensionner inutilement ces composants. 

1Les obligations déclaratives liées au SEQUE-UE 2 incombent aux fournisseurs d’énergie. Ce sont également ces fournisseurs d’énergie qui sont les « obligés » des Certificats d’économies d’énergie créés par la loi du 13 juillet 2005 dite Programme d’orientation des politiques énergétiques.

 

2CAPEX: CAPital Expenditure (Dépense en capital). Désigne les dépenses engagées par une entreprise pour acquérir, améliorer ou maintenir ses actifs physiques à long terme, tels que les équipements, les bâtiments, et les technologies.

 

3TCO: Total Cost of Ownership (Coût de détention). Méthodologie utilisée pour évaluer le coût global d’un bien ou d’un service tout au long de son cycle de vie. Cela inclut non seulement le prix d’achat initial, mais aussi tous les coûts associés à l’utilisation, à la maintenance et au retrait de ce bien ou service.

 

 

Poursuivez votre lecture en lisant l'article sur le cas pratique de changement de logique pour accéder à l'électrique.

 

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